France-Soir
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En pleine tourmente autour de la loi Duplomb, le gouvernement nomme un ancien lobbyiste de la FNSEA au poste de directeur de cabinet de sa porte-parole. Inconnu du grand public, Xavier Jamet est néanmoins réputé dans les couloirs de la politique agricole. La décision a été révélée parLa Lettre et soulève une sérieuse question de cohérence démocratique.
Le débat est à la fois complexe est brûlant. D'un côté, les défenseurs de la santé et de l'environnement, de l'autre, les défenseurs des agriculteurs et de la souveraineté. Certains cherchent à comprendre, d'autres à convaincre. Objet de tous les tourments, la loi Duplomb a été adoptée le 8 juillet dernier, mais depuis, une pétition demandant à ce qu'elle soit retoquée a récolté plus de 2 millions de signatures. En théorie, l'Assemblée devrait considérer cette dernière comme étant (largement) suffisamment importante et rouvrir les débats.
Pour l'instant il n'en est rien. Pire ! Le gouvernement place un ancien lobbyiste de la FNSEA (principale fédération de syndicats agricoles) à un poste clé.
« Cette nomination est une atteinte à la démocratie », s'indigne Fleur Breteau, du collectif Cancer colère, auprès de Mediapart. Et pour cause : la FNSEA, dont Jamet pilotait les affaires publiques, a pesé de tout son poids dans l'élaboration de la très controversée loi Duplomb. Que celui qui défendait hier encore ces intérêts devienne aujourd'hui stratège au sein du gouvernement donne le sentiment d'une capture de l'État par les lobbys. Une crainte imagée par l'indignation de Marie Thibaud, du collectif Stop aux cancers de nos enfants : « Le message envoyé est totalement incohérent et inacceptable. »
Le gouvernement, de son côté, s'abrite derrière une relation professionnelle passée entre Xavier Jamet et Sophie Primas au Sénat. Il invoque aussi l'avis favorable de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, à condition que le nouveau conseiller se tienne éloigné de toute question agricole. Une précaution bien théorique, tant l'agriculture et la santé environnementale sont désormais intimement liées dans les arbitrages publics, comme l'a souligné Reporterre.
Alors que les débats pourraient être intéressants, le gouvernement préfère ouvrir les portes du pouvoir aux architectes des politiques contestées, transformant la défiance citoyenne en norme.